HPV : comprendre les recommandations vaccinales chez les garçons

A partir du 1er janvier 2021, la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) sera « désexualisée » et recommandée pour tout individu (garçon ou fille) âgé de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusquâà 19 ans. (1-3)
Cancers HPV-induits chez lâhomme et la femme
Plus de 6.000 nouveaux cas de cancers sont causés par les HPV chaque année en France :
- La moitié touche le col de lâutérus chez la femme et
- Un quart survient chez lâhomme (1.700 nouveaux cas), dont des cancers de la sphère ORL (1.200 nouveaux cas), de lâanus (360 nouveaux cas) ou du pénis (90 nouveaux cas). (1,2)
Seul le cancer du col de lâutérus bénéficie dâun programme de dépistage national. Par ailleurs, les cancers de la sphère ORL, contrairement aux autres cancers HPV-induits, ne sont pas précédés de lésion précancéreuse observable au niveau de lâoropharynx.
Les HPV sont également responsables de verrues anogénitales, très fréquentes chez les deux sexes (100.000 personnes touchées chaque année). Elles sont certes bénignes, mais peuvent affecter très négativement la qualité de vie, sont récidivantes et leur prise en charge peut sâavérer particulièrement douloureuse.
Devoir éthique et égalité dâaccès aux soins
Il est légitime dâoffrir aux hommes le droit dâêtre vaccinés comme les femmes, dâautant quâils participent à la transmission de lâinfection dans la population et quâils payent également les lourdes conséquences de lâinfection. « Désexualiser » la vaccination autorise à sortir dâune politique pouvant être considérée comme discriminante et offre à tous les individus dâune tranche dââge un droit équivalent dâaccès à la protection vaccinale. Augmenter la couverture vaccinale anti-HPV pourrait à terme permettre de réduire la circulation de ces virus dans la population et favoriser une immunité de groupe.
La réponse immunitaire et le profil de sécurité des vaccins anti-HPV sont similaires chez les filles et les garçons. Lâabsence de lien entre la vaccination et la survenue de maladies auto-immunes a largement été démontée.
En Europe, une quinzaine de pays a intégré la vaccination des garçons dans le calendrier vaccinal. Plusieurs pays ont mis en place un programme de vaccination en milieu scolaire, qui leur permet dâatteindre une couverture vacciÂnale élevée.
Nouvelles recommandations en pratique
Toute nouvelle vaccination doit être initiée avec le vaccin nonavalent. (3) Si la vaccination débute :
- Entre 11 et 13 ans révolus, administrer 2 doses espacées de 6 mois (M0, M6), une dose pouvant être injectée en même temps que le rappel dTPca (diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche) ;
- Entre 14 et 19 ans révolus, administrer 3 doses selon un schéma 0, 2 et 6 mois (M0, M2, M6), une dose pouvant être injectée avec le vaccin contre lâhépatite B dans le cadre dâun rattrapage.
En cas de retard pour la 2e ou la 3e injection, la vaccination sera simplement complétée de la ou des dose(s) manquante(s).
Chez les personnes immunodéprimées (filles ou garçons), la vaccination anti-HPV suit les mêmes recommandations que pour la population générale.
Néanmoins, pour les candidats à une transplantation dâorgane solide, la vaccination peut être initiée dès lââge de 9 ans.
Chez les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec des hommes (HSH), si la vaccination nâa pas été faite antérieurement, elle peut être réalisée jusquâà lââge de 26 ans. En effet, les HSH sont particulièrement à risque face au cancer de lâanus HPV-induit, notamment sâils sont séropositifs pour le VIH (risque multiplié par 100).
Les vaccins ne sont pas interchangeables et toute vaccination initiée avec un vaccin doit être menée à son terme avec le même vaccin.
Références
- HAS. Recommandation vaccinale â Elargissement de la vaccination contre les papillomavirus aux garçons. 2019.
- HAS. Synthèse de la recommandation vaccinale – Vaccination contre les papillomavirus chez les garçons. 2019.
- Ministère des Solidarités et de la Santé. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2020.