Rougeole : 913 cas et 1 décès
Source : Rougeole : 913 cas et 1 décès, les autorités en appellent aux médecins pour endiguer l’épidémie
Les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme : la multiplication des cas de rougeole fait craindre une épidémie nationale en France, semblable à celle qu’elle a connue entre 2008 et 2012 (24 500 cas a minima, 1 500 pneumonies graves, 35 encéphalites, 20 décès).
Depuis le 6 novembre 2017, date de début de l’épidémie en Nouvelle-Aquitaine, et le 12 mars 2018, 913 cas de rougeole ont été déclarés. Près de 9 cas sur 10 sont survenus chez des personnes non ou incomplètement vaccinées.
Une accélération depuis 3 semaines
Parmi les 913 cas, 201 (près d’un quart) ont été hospitalisés, dont 9 en réanimation. Un décès est survenu en février, à Poitiers : celui d’une jeune femme non vaccinée. Ce qui porte à 21 le nombre de décès dus à la rougeole depuis 2008 (parmi eux, 8 personnes étaient immunodéprimées – avec contre-indication à la vaccination). La rougeole est l’une des pathologies les plus contagieuses, un cas pouvant contaminer 15 à 20 personnes dans une population non immunisée.
« Plus de 90 % des 913 cas sont apparus en 2018 ; il y a eu une accélération ces trois dernières semaines, avec près de 46 % d’augmentation des cas par rapport à l’incidence de début novembre », a souligné le Dr Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité Infections respiratoires et vaccination de Santé publique France. Il insiste sur la dissémination du virus : si fin 2017, les cas se concentraient aux 3/4, en Nouvelle-Aquitaine, cette région ne rassemble que la moitié de ces cas ; 59 départements sont touchés, en particulier en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bretagne, et dans les Pays de la Loire.
Les nourrissons payent le prix d’une couverture vaccinale insuffisante
Les nourrissons de moins d’un an sont les populations les plus touchées (taux d’incidence de près de 8 pour 100 000 cas) : « Ils ne peuvent pas être vaccinés ; ils paient le prix du défaut de vaccination de leur environnement », explique le Dr Levy-Bruhl. La rougeole frappe particulièrement les 1-4 ans (près de 6/100 000), « ce qui reflète leur insuffisante vaccination », ainsi que les jeunes adultes (de 15 à 30 ans), « du fait du rattrapage insuffisant de la vaccination pour cette tranche d’âge ».
La vaccination contre la rougeole, fortement recommandée jusqu’au 1er janvier 2018, fait désormais partie des 11 vaccins pédiatriques obligatoires.
« L’élimination de la rougeole est un objectif prioritaire de l’Organisation mondiale de la santé ; pour cela il faut atteindre l’objectif d’une couverture vaccinale de 95 % pour les personnes à risque », a rappelé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS). La protection conférée par la maladie est efficace pour un individu, mais seule l’immunité collective fait barrière à un virus, a-t-il indiqué.
En France, la couverture vaccinale est de 90,5 % pour les moins de deux ans (selon les données 2014). Le seuil des 95 % est atteint pour les enfants de 6 ans, mais pas pour la deuxième dose, qui concerne 79 % des enfants de deux ans, 83 % des six ans, et 93 % des 11 ans (la deuxième dose protège la quasi-totalité des 8 % des non-répondeurs à la première dose). Sans oublier les inégalités territoriales derrière ces moyennes : la couverture vaccinale pour la seconde dose varie de 62 à 88 % selon les départements.
Pour les jeunes adultes, l’étude de séroprévalence de 2013 montre un taux de personnes sans anticorps protecteurs de 9,2 % soit plus d’un million d’individus.