Une nouvelle étude montre l’absence de surrisque de maladie auto-immune après vaccination contre le papillomavirus
Source : Le Quotidien du Médecin
Une étude canadienne indépendante (financée par le ministère de la santé et les instituts de recherche médicale canadiens) parue dans le « Canadian Medical Association Journal » montre qu’il n’y a pas de risque supplémentaire de développer une maladie auto-immune (MAI) pour les jeunes filles à la suite de leur vaccination contre le papillomavirus.
Cette étude a employé une méthodologie particulière. Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective populationnelle, mais plutôt que de comparer les jeunes filles vaccinées avec les jeunes filles non vaccinées, comme c’est le cas dans la plupart des études, les auteurs ont comparé les jeunes filles vaccinées pendant ou hors de leur période dite « d’exposition » au vaccin.
Une méthode différente pour éviter les biais
Les auteurs expliquent en effet que la comparaison de populations vaccinées avec des populations non vaccinées « est particulièrement sujette à des biais quand les facteurs de risque sont largement inconnus ou difficiles à quantifier (comme la susceptibilité génétique), comme c’est le cas pour les MAI. » Ils ont donc utilisé la méthode dites des séries de cas auto-contrôlés, où les cas vaccinés sont leurs propres contrôles car la période de suivi est divisée entre intervalles d’exposition et de non-exposition. La période d’exposition est considérée comme la période postvaccination pendant laquelle les événements sont attribuables aux effets du vaccin.
La fenêtre d’exposition choisie dans cette étude est de 7 à 60 jours après l’injection de la dose de vaccin. « Cette fenêtre est basée sur la physiopathologie sous-jacente et les manifestations cliniques des MAI étudiées ; sur les autres fenêtres d’exposition considérées dans des études sur les MAI et d’autres vaccins ; et sur les délais observés entre vaccination par HPV4 et début des symptômes dans la base de données des centres de contrôle des maladies (CDC) », précisent les auteurs.
Une cohorte de 180 000 filles de 12 à 17 ans
Les auteurs sont partis de la base de données de l’Ontario, constituée à la faveur d’une opération de santé publique proposant gratuitement le vaccin aux filles scolarisées en Grade 8 (âgées d’environ 13-14 ans). Parmi elles, 180 819 jeunes filles de 13,2 ans d’âge moyen (entre 12 et 17 ans) avaient reçu au moins une dose de Gardasil (81,8 % d’entre elles ayant reçu les trois doses).
Dans le groupe des jeunes filles vaccinées, 681 cas de MAI ont été diagnostiqués, dont 11,3 % (77 cas) sont survenus entre 7 et 60 jours après l’injection d’une dose de vaccin (c’est-à-dire pendant la fenêtre d’exposition), ce qui ne correspondait pas à un surrisque de MAI dans la période d’exposition post-vaccination. Les MAI prises en compte étaient au nombre de 12, parmi lesquelles la polyarthrite rhumatoïde juvénile, le purpura thrombopénique immunologique, la paralysie de Bell, les MAI systémiques (lupus érythémateux, sclérose systémique, syndrome de Sjögren, dermatomyosite, polymyosite), la sclérose en plaques, la névrite optique, le syndrome de Guillain-Barré.
Des résultats plus robustes ?
Les auteurs mentionnent des études suédoise, danoise, et française qui sont parvenues aux mêmes résultats mais en comparant des populations vaccinées à des non-vaccinées. Ils mentionnent aussi une étude française ayant évalué le surrisque de MAI chez 2,2 millions de jeunes filles vaccinées (HPV4 et HPV2). Les Canadiens estiment que leur méthodologie est plus robuste que celle utilisée dans ces autres études, et vient confirmer la sécurité du vaccin HPV4. Ils espèrent que ces résultats « rassurent les parents et les professionnels de santé ».